Les investissements publics seuls n’assurent pas la croissance

Dans une recente analyse, Vinaya Swaroop, conseiller economique pour la region africaine ala Banque moncliale, reprend la these de Dani Rodrik, professeur a Harvard, selon laquelle «une crois­ sance 1miraculeuse’ tin e par le secteur rnanufacturier a forte intensite de main-d’uvre pow.Tait bien appartenir au passe». Nous avons interroge l’economiste Swaclicq Nuthay a cet effet.

L’economiste SWadicq Nuthay est catego- rique: Maurice a passe le cap d’une economie industrielle. Desormais, ce sont la technologie,l’innovation et la robotique qui feront la difference. Notre developpement n’est plus labour intensive car le pays n’a plus de main-d’reuvre bon marche, ob­ serve-t-il. Le secteur manufacturier doit evoluer vers des produits de niche.
Dans son analyse, Vinaya Swaroop s’interroge : «L’ere des mode/es de croissance tires par l’industrialisation et les exportations manufacturieres est-elle derriere nous ?» Et de citer le professeur Rodrik de l’universite de Harvard, qui soutient que les miracles de croissance ont pratiquement toujours ete sous­ tendus par des exportations ma­nufacturieres a forte intensite de main-d’ceuvre (en Goree du Sud, en Chine et au Vietnam notam­ ment), un tel scenario n’a guere de chance de se reproduire dans la nouvelle economie mondiale>> . Pour Swadicq Nuthay, le defi consiste a rendre notre main­ d’reuvre plus qualifiee, a ame­ liorer ses competences tout en developpant les infrastructures du pays. «Nous avons un gros souci au niveau de la competitivite de notre main-d’reuvre . II faudra investir dans la qualite de notre main-d’ceuvre. C’est ainsi que nous deviendrons attrayants vis­ a-vis des investisseurs etrangers. De plus, Maurice doit exploiter davantage la carte africaine, ainsi que /es opportunites offertes par la SADC et le COMESA pour atti­ rer /es investisseurs dans certains produits de niche>>, fait-il ressortir. Le probleme majeur du pays a l’heure actuelle, selon Swadicq Nuthay, est d’attirer l’investisse­ ment direct etranger (IDE).
Pour l’avenir, si nous pouvons compter sur le secteur des ser­ vices en general, la finance et les Tic, les nouveaux secteurs tardent a decoller. Par exemple, pour l’economie bleue, ii taut investir massivement dans la recherche et le developpement afin de pou­ voir developper ce secteur et pour l’heure, «nous n’avons pas /es ressources necessaires pour don­ ner ce coup de fouet necessaire. La encore, nous avons besoin d’investissement etrangef)>.
Par ailleurs, !’analyse de Vinaya Swaroop evoque aussi l’exemple de l’Ethiopie qui a rea­ lise une forte croissance grace, notamment, a de lourds investissements dans les infrastructures publiques. Swadicq Nuthay argue cependant qu’il ne taut pas se leurrer car les investissements publics seuls ne peuvent assurer la croissance. «L’Et/1iopie a mis en place une strategie econo­ mique adequate et le pays comp­ tait une abondante main-d’ceuvre ban marche. Le c/imat des af­ faires y etait favorable et done le pays apu attirer des investisseurs etrangerS>>, explique-t-il.

2020-04-10T08:19:03+00:00